(Le dispositif de la réalité. Titre du traducteur)

Le Ciel est élevé,

la Terre est en bas;

ainsi sont déterminés l’initiateur et le réceptif;

à travers cette disposition de bas en haut,

le plus et le moins de valeur sont en place.

« Le constat parait des plus banals, constate François JULLIEN, et frise l’insignifiance (…). Et pourtant, déjà, tout est dit; les grands choix « théoriques » sont déjà faits. Car cette formule nous avertit d’abord de ce que le réel est toujours à concevoir à partir d’une dualité d’instances (…) et non point à partir d’un terme unique (Dieu, être absolu, premier moteur…). De cette polarité (…) découle – constamment – le grand procès des choses : ainsi, c’est la relation qui est première, ici entre le haut et le bas, et c’est elle qui détermine au départ la réalité. Mais cette formule d’ouverture n’évoque pas seulement ce qui sert de cadre à l’engendrement du réel, elle nous dit de plus que dans ce cadre naturel se trouve impliquée la moralité : car cette relation qui est première est aussi orientée, et le haut et le bas établissent une différence de niveaux. La relation qui fonde le procès du réel possède en elle-même une dimension axiologique, la polarité est objet de hiérarchie. Aussi la vocation morale de l’homme se lit-elle déjà dans l’ordre des choses (ainsi que, dans son ombre, l’idéologie chinoise d’un monde social et politique non égalitaire reposant sur la subordination). Bien loin de relever d’une détermination postérieure, ou de procéder d’une injonction extérieure, loi sociale ou commandement divin, la morale se trouve inscrite dans la structure du réel, elle constitue l’expression de sa logique. »

Gil