L’attente est un temps particulier pendant lequel nous sommes un peu comme en tension jusqu’à ce que ce que nous attendons se produise.

Comme ces pécheurs qui attendent que ça morde, ou encore quand nous faisons la queue en attendant notre tour, le temps défile selon un rythme particulier dépendant de notre attitude intérieure. Ce type d’attente est finalement un épisode normal de l’écoulement du temps chronologique, du temps perçu, comme la nuit qui succède au jour ou l’été au printemps.

Mais nous avons d’autres attentes, plus subtiles et par forcément liées au temps chronologique.

Si nous regardons bien nos réactions face à certains évènements nous allons nous rendre compte que nous pouvons être surpris, dépités ou enchantés parce que nous nous attendions à quelque chose et ce qui est arrivé s’est avéré être différent.

Sans vraiment nous en rendre compte nous avions déjà prévu un résultat et nous nous attendions à ce que l’évènement corresponde à ce résultat.

Nous nous attendions peut être à telle réaction de la part d’une personne, ou à tel résultat à un examen, ou à tel ou tel comportement de la part de certains individus, et si cela ne se passe pas comme nous l’espérions nous pouvons être déstabilisés, dépités, voir profondément déçus et, de temps en temps, agréablement surpris. De temps en temps…

Cette petite chose courante, et d’apparence si anodine, nous pointe pourtant un élément important de notre paysage intérieur : nous avions déjà écrit le scénario avant qu’il ne se produise. Nous avions, comme on dit, tiré des plans sur la comète.

Si nous nous penchons sur cet acte, nous allons voir que nous avons tout simplement configuré le futur selon nos désirs, nos attentes.

Finalement, la vie nous stimule en ne répondant pas à nos attentes. Elle nous pointe notre attachement à un certain résultat, une certaine manière de faire, une crispation de notre ego. Là aussi voilà l’occasion d’aller voir pourquoi, et sur quoi, notre ego s’est crispé.

En nous déroutant, la vie nous rappelle aussi qu’elle est mouvement, changement, étonnement, créativité et nous demande de rester curieux, ouverts. En écrivant notre futur à l’avance nous l’enfermons dans une seule solution, un seul scénario, la limitant ainsi à un seul possible ou, en tout cas, aux possibles qui nous conviendraient selon nos croyances, nos peurs et notre savoir.

Ce faisant, nous nous limitons nous aussi aux paysages connus. Cela nous rassure, nous avons appris à contrôler dans ces espaces-là, nous craignons d’être déstabilisés, malmenés, déçus, de découvrir autre chose, d’aller dans l’inconnu.

A vrai dire quand nous parlons d’inconnu, de peur de l’inconnu, nous devrions regarder de plus près cet inconnu que nous craignons et voir qu’il ne nous est pas si inconnu que ça.

La plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps, ce fameux inconnu est plutôt la projection de ce que nous connaissons : nous craignons que ne se reproduisent certaines situations que nous avons déjà vécues, vues ou dont nous avons entendu parlé.

Ce que nous ne connaissons pas forcément nous le le connaissons pas, alors comment pourrions-nous le craindre? Notre soi-disant peur de l’inconnu n’est que notre peur que le passé se reproduise, inconsciemment nous avons projeté dans cet espace de tous les possibles, les possibles que nous connaissons et nous tremblons.

Le futur que nous imaginons n’est que notre passé mis devant nous.

C’est avec ce passé que nous avons déjà rempli nos attentes et nous naviguons ainsi entre notre passé et notre soi-disant futur qui n’est qu’un passé remodelé.

Heureusement la vie nous surprendra toujours, et nous verrons se produire, contre toute attente, l’imprévisible!

Restons ouverts à l’imprévisible et pour cela, lâchons nos attentes, notre passé, notre futur et posons-nous, ici et maintenant.

Christine