« Nous comprenons que l’action
Ne réalise rien de permanent.
A quoi bon l’action
Pour qui aspire à la vérité absolue
Et désire un fruit qui ne passe pas ?
L’action peut certes réaliser
Quatre sortes de fruits :
Production, obtention,
Purification et altération.
Il n’y en a pas d’autres.
Or, l’absolu ne peut être produit
Par rien d’autre (que lui-même).
Il est réalisé de lui-même,
Toujours déjà atteint,
Déjà purifié, immaculé (car) sans action.
Les traditions reçues interdisent
De penser qu’il puisse avoir une origine.
L’absolu est lui-même la cause (de tout).
On considère pour cela qu’il n’est pas le produit (d’une autre cause).
Si celui qui veut obtenir et ce qu’il veut obtenir
Sont deux choses différentes,
Alors il est possible d’obtenir cette chose.
Mais l’absolu est l’essence même
De celui qui veut l’atteindre.
On ne peut (donc) jamais l’atteindre.
Le bon sens considère que les impuretés
Peuvent être ôtées d’un miroir, par exemple.
Mais l’absolu, toujours limpide comme l’espace,
Ne peut jamais être purifié.
Le réel est immaculé, (car) il n’agit pas ni ne subit.
Comment pourrait-il être souillé ?
Seul un défaut survenu par contact avec (autre chose)
Peut être lavé pour recouvrer l’état d’origine.
Ce qui est sans qualités
Ne peut recevoir aucune qualité,
Car la tradition nous révèle
L’absence en l’absolu d’aucune qualité en disant
« (L’absolu) est sans aucune qualité ».
Les composés comme le lait
Sont choses qui se transforment.
Tout ce qui peut subir une altération
N’est pas le réel sans action.
L’essence du réel
Est démontrée par la raison et la tradition :
Elle n’est pas un résultat, pas une action.
Elle est paisible, sans faille, inconditionnée.
Par conséquent, il n’existe aucune possibilité
De réaliser l’absolu par l’action,
Car ce qui peut être réalisé au moyen de l’action
Est impermanent,
Alors que l’absolu est permanent et éternel.
Le corps, etc., de même que le monde,
Sont détruits selon les actions (accomplies dans les existences passées).
De même, le monde suivant (dans lequel nous renaîtrons)
Sera conforme à la valeur de nos actions.
Ce qui est le fruit d’une action
Ne peut jamais être permanent :
Cette loi se vérifie toujours.
Le paradis et autres (récompenses)
Sont donc impermanents.
Quel lettré s’y perdrait ?
En revanche, tout le monde s’accorde
A reconnaître que la cause du monde est permanente.
Et la tradition reçue ne se lasse pas de répéter
Que l'(absolu) seul est la cause du monde.
De plus, la tradition dit que
« Tout est identique à lui, telle est la vérité ».
Ainsi, lui seul est permanent.
Il est clair que seul l’Être est cause du monde.
La tradition le dit expressément :
« (On ne réalise pas l’absolu) par des actions, par la procréation, par la richesse ».
Ainsi, l’idée que l’action pourrait être cause de la délivrance
Est explicitement écartée.
La réalisation de la conscience pure,
C’est être l’absolu.
(Or, cette réalisation) est impossible sans la compréhension
De l’unité de soi et de l’absolu,
Ce qui suppose un examen rationnel
De soi et de l’absolu.
Elle ne peut être réalisée
Par des bains sacrés, ni par des chants,
Ni par des récitations, ni par des jeûnes,
Ni par des sacrifices, des rituels, des dons,
Ni par des formules ou des rites magiques.
C’est ce que la tradition révélée enseigne :
« La réalisation n’est possible que par la connaissance ».
En disant que la connaissance est la cause de la délivrance,
(La tradition) écarte toute autre cause. »
La Quintessence de toutes les doctrines du Vedânta (Sarva-vedânta-siddhânta-sâra-samgraha), d’Akhandânanda
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Oui, la connaissance théorique, mentale, va aider certainement, mais surtout celle de la sensation (l’introspection) qui est induite par la ou les méditations…
Est explicitement écartée.
Et pourtant sans action préalable : concentration, focalisation, lâcher prise, comment la réalisation pourrait-elle subvenir ? Sans doute s’agit-il ici des actions dans le monde, et non pas celles qui amènent aux mondes intérieurs.
On en revient à la même idée, à savoir qu’il faut agir même par le non-agir pour se rapprocher du sans-cause.