Acceptez comme un principe qu’il n’y a rien à atteindre, parce que ce que nous cherchons, nous le sommes déjà. Ce que nous cherchons, c’est notre proximité. Ce que nous cherchons, c’est le chercheur. Quand vous verrez cela, vous sentirez combien chaque pas que vous faites pour vous atteindre, vous éloigne de vous. C’est alors que se produira un lâcher-prise complètement naturel, car il n’y a rien à gagner, rien à perdre. Voyez comment cette compréhension agit sur vous. Vous vous découvrirez, naturellement, tel que vous étiez avant d’être né.

Ce que fondamentalement vous êtes ne peut jamais être objectivé parce que vous l’êtes.
Un objet est un fragment ; il apparaît dans votre totalité, dans votre globalité. Quand vous comprenez réellement que le chercheur est le cherché, toute votre énergie se trouve naturellement déchargée d’avoir à trouver quelque chose.

Ce que vous cherchez, vous l’êtes déjà : vous ne pouvez recevoir cela de moi que comme une information de seconde main. Quand vous en ferez votre point de départ, vous deviendrez conscient de touts les efforts dispensés dans la réalisation de vos buts, de vos désirs, de votre accomplissement. Accepter cette information de seconde main vous conduit à observer l’énergie qui accompagne tout processus de devenir. Quand vous verrez cela, vous ne serez plus le complice de ce processus, de ce gaspillage d’énergie. A un certain moment, vous abandonnerez toute projection, toute convoitise. Ce n’est pas un lâcher-prise volontaire, c’est un lâcher-prise qui se produit de lui-même. Et à ce moment-là, vous êtes libéré de toute action. Ce moment ne renvoie qu’à lui-même. En d’autres termes, poétiquement parlant, vous êtes saisi. Mais vous devez d’abord prendre à votre propre compte que ce que vous cherchez vous l’êtes déjà.

Notre vraie nature est ouverture, silence. Elle se manifeste dans la compréhension instantanée que la vérité ne peut jamais être acquise. Tout ce que nous cherchons et trouvons est un objet. Il apparaît clairement que le chercheur est le cherché, que le chercheur est cela même qu’il cherche ; alors toute tentative de trouver quelque chose cesse.
Quand vous voyez réellement que ce que vous cherchez est vous-même et que vous trouvez, au terme de nombreuse années d’investigation diverses, à travers tous les systèmes, toutes les techniques, que vous êtes ce que vous cherchez, il y a alors une révélation fantastique. Parce que, lorsque vous voyez cela, il vous apparaît que toutes ces directions, expériences et techniques ne sont que des objets. Eux, vous les trouvez, mais le sujet, jamais, car le sujet ne peut jamais être objectivé.
Voir cela entraîne un arrêt de cette investigation multidirectionnelle, et tout alors renvoie à ce moment d’arrêt, toute chose ne fait plus référence qu’à elle-même. Vous percevez clairement qu’il n’y a nulle part où aller. C’est une révolution dans votre vie. Tel est le sens du Tao : « le Tao que vous pouvez trouver et nommer n’est pas le Tao ».

Il ne s’agit là nullement d’une croyance ou d’une foi mais d’une expérience, d’un vécu qui dépasse toute spéculation intellectuelle et qui nous reconduit à la liberté inconditionnée et à la joie pure de l’être.

Jean Klein