. – . – . – . BIOTECH ET  » POSTHUMANITÉ  » : TOUJOURS PLUS FORT, TOUJOURS PLUS CON . – . – . – .

5 décembre 2013

La mentalité occidentale moderne, à la fois patriarcale et infantile, continue son petit délire égocentrique : conquérir bonheur et perfection par des voies matérielles, extérieures et quantitatives. Elle n’a pas encore compris que bonheur et perfection ne se conquièrent pas mais se découvrent, de l’intérieur et de manière qualitative. Il va donc falloir ajouter quelques autres menues monstruosités au passif de la modernité — transgresser encore quelques autres limites, hypocritement qualifiées d’ « éthiques » alors qu’elles sont essentielles, puisqu’elles engagent l’identité et la dignité mêmes de l’être humain.

Plusieurs livres sont sortis récemment pour décrire l’emballement actuel des biotechnologies, au croisement de la nanotechnologie, de la biologie cellulaire et de la génétique. Décrire, et s’interroger mollement sur le sens de cette démarche qui implique de réviser la nature même de l’être humain. C’est pourquoi il est désormais question de « posthumanité » : l’humanité d’après. D’après quoi ? D’après avant. Comme toujours chez les modernes, on navigue à vue. C’est-à-dire qu’on patauge en pleine tautologie auto-justificatrice. La fuite en avant consiste à agir d’abord et à penser après. Agir dans la quantité avant de s’apercevoir qu’il aurait mieux valu penser d’abord en termes qualitatifs.

On avance donc à tâtons : personne ne sait de quoi il parle. Bernard Fontaine par exemple, docteur ès sciences et directeur de recherche émérite au CNRS, botte en touche. Il conclut son état des lieux des Biotechnologies : quelles limites ? Quo vadis Homo sapiens ? (L’Harmattan, juillet 2013, 198 p., 21 €) par une série de banalités qui en disent long sur son désarroi. Se retranchant platement derrière Faust et Prométhée, nous rabâchant pour la énième fois le mot de Rabelais sur la « science sans conscience », il se borne à répéter que la science a besoin de limites éthiques et non pas techniques — sans définir ce qu’est l’éthique ni lui proposer le moindre critère. Nous voilà bien avancés.

Jean-François Mattei et Israël Nisand, à la fin de leur réflexion sur Où va l’humanité ? (Les Liens qui libèrent, octobre 2013, 87 p., 9,50 €), osent de leur côté un tant soit peu plus de clarté. « Le mouvement des techno-prophètes, écrivent-ils, affirme que les nouvelles technologies vont permettre à l’homme en s’affranchissant des servitudes corporelles — biologiques et physiques — de retrouver le bonheur du paradis perdu, le bonheur d’avant la chute. Ce rêve enflamme encore les enthousiasmes, notamment aux États-Unis où la foi dans la technologie est une véritable foi, au sens d’une croyance profonde. [À ceci près que foi et croyance n’ont rien à voir, la foi étant ce qu’il reste quand on a évacué les croyances.] Les prophètes de la technologie annoncent non la fin du monde ou la fin de l’homme [on s’en serait douté…], mais l’entrée triomphale de notre espèce dans l’ère de la « posthumanité » grâce à l’intelligence artificielle. » Discours banal : le salut par la machine, l’outil et la technique ! On en est toujours là : dans ce prolongement extérieur et matériel, phallique et puéril, conçu pour compenser le mal-être existentiel de l’Occidental moyen. Le bonheur grâce au mixeur, au frigo, aux Smartphones et aux nanopuces sous-cutanées, patin, couffin, prenez-nous pour des cons, tralala, tsoin-tsoin. « De tout temps, poursuivent Mattei et Nisand (dans un laïus d’un parfait modernisme et d’une parfaite fatuité), l’homme a voulu dominer la nature. » Erreur, les gars : ça ne fait que quelques millénaires (depuis l’apparition de sociétés sédentaires et agricoles). Jusqu’alors — et de tout temps, pour le coup — l’être humain n’a pas eu besoin de se sentir « comme maître et possesseur de la nature ». Quand on en est encore à écrire des conneries pareilles en prétendant réfléchir à « où va l’humanité », j’estime qu’on a le droit d’avoir les boules. « Seule nouveauté, aujourd’hui c’est au tour de sa propre nature d’être l’objet de cette ambition prométhéenne. Ce faisant, Homo sapiens risque fort de devenir l’Homo prometheens, l’homme de la démesure… » Si la tendance à considérer les limites corporelles comme une servitude n’a rien de nouveau, la manière moderne de s’en affranchir l’est effectivement : manière puérile et satanique, encore une fois, par le bas et la matière, l’artifice et la mécanique. Alors que le dépassement des limites corporelles n’a de sens que par le haut — puisque, ô fantastique évidence, le mal-être induit par la servitude physique ou biologique n’a rien de physique ni de biologique : il est moral, il est mental, il est psychique. Il ne sert donc rigoureusement à rien de prétendre guérir cet état par des moyens techniques et matériels. Mais cette erreur n’est jamais que la base même, la racine première de toute la mentalité moderne, occidentale et patriarcale — celle qui veut à tout prix faire entrer le cube dans le trou cylindrique et le cylindre dans le trou cubique. À bientôt pour un prochain défi stupide et vain, ô crétin moderne !

Comme d’habitude avec le dogme du Progrès, le pire est toujours à venir. Même en faisant semblant d’y croire très fort, comme l’exigent tous les tarés en blouse blanche qui se pissent de joie dessus à l’idée de mélanger l’organique et le mécanique sans savoir à quoi ça va servir, on sait pertinemment, au fond de soi, que ça va nous retomber sur le coin de la gueule. Comment ? les modalités restent plus ou moins à définir, mais il est d’ores et déjà certain que le résultat sera celui d’une hétéronomie et d’un esclavage toujours croissants (s’il est un domaine où la croissance va perdurer, c’est bien celui de l’esclavage). En effet, la modernité en général et la science en particulier se fondent sur l’objectif d’une autonomie toujours supérieure — ce qui constitue un objectif intérieur et qualitatif, donc — et puisqu’elles n’y emploient que des moyens exactement contraires (extérieurs et quantitatifs), il est logique et inévitable qu’elles obtiennent le résultat exactement contraire. Comme le dit un fieffé moderne comme Jean-Michel Besnier ((…) auteur de Demain les posthumains, Fayard, 2012, 210 p., 8 €), « Nous nous voulions résolument modernes et, pour cette raison, rien n’était plus important à nos yeux que l’autonomie — par rapport aux autres, à la nature, aux traditions ou aux dieux. [Et maintenant par rapport à notre propre corps, donc !] Il faut aujourd’hui surmonter la déception que l’histoire nous inflige. » Après avoir héroïquement surmonté sa déception, Besnier nous explique en gros que cette fois, c’est la bonne : avec de la nano-ferraille connectée en wifi sous la peau et dans le cerveau, c’est clair, on va enfin accroître notre autonomie et devenir plus humains (ou mieux humains, on ne sait pas trop). Et ce mec appartient aux comités d’éthique du CNRS et de l’INRA… ! Hallucinant.

On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif : Besnier, acharné à justifier son délire et prêt pour cela à toutes les perversions, contorsions et subversions langagières, mentales et morales, ose conclure que demain, dans le monde posthumaniste qu’il essaye de nous fourguer, les individus « s’ouvriront d’autant plus les uns aux autres qu’ils s’éprouveront dépourvus de l’essence qui les enfermait et les cloisonnait ». Mais comment peut-on en arriver à écrire une telle stupidité ? L’essence n’enferme et ne cloisonne rien du tout, hormis apparemment ceux qui le souhaitent et le décident ainsi. Pour les autres, l’essence contient tout : par définition, elle génère et englobe l’existence et toutes les distinctions relatives que celle-ci implique. Croire que l’essence des êtres les enferme et les cloisonne revient à nier cette essence (et à ne rien y comprendre), ce qui implique logiquement de nier l’existence (et incidemment de ne rien y comprendre non plus). Ne rien comprendre ? Nier l’évidence ? pour ça on avait déjà les humanistes et les philosophes modernes. Le posthumanisme saura-t-il être plus con et plus grotesque encore que l’humanisme, plus réducteur, satanique, avilissant et indécent ? ça semble bien parti !

Auteur : Alexandre Rougé
Source : alexandrerouge.com

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. – . – . – . – . – . – . – . – . – . LE PREMIER « LECTEUR DE PENSÉE » GRAND PUBLIC . – . – . – . – . – . – . – . – .

Le 29 août 2014

Depuis quelques mois, les Américains peuvent se procurer, en série limitée, les fameuses lunettes connectées de Google – les Google Glasses – permettant d’acquérir une « clairvoyance cybernétique ». Alors que les tests se poursuivent, il est déjà annoncé que ces lunettes pourront, via une extension, être activées par la seule force de la pensée.

À l’heure actuelle, les Google Glasses peuvent être pilotées par la voix ou par le toucher. Elles permettent de s’orienter dans la rue, de prendre des photos ou de recevoir des messages sans avoir à « s’encombrer » d’un smartphone. On acquiert ainsi une vision digne de Robocop, ce qui enthousiasme les technophiles les plus ardents.

Mais la société britannique This Place propose d’ores et déjà d’améliorer le système en le couplant avec une application nommée MindRDR (« lecteur de pensée », en français). Objectif : commander les Google Glasses par la pensée. Pour cela, il suffit d’acquérir un accessoire supplémentaire, le NeuroSky Mobile, qui analyse les ondes du cerveau et envoie les informations récoltées au logiciel MindRDR.

Les ingénieurs se félicitent du champ d’application immense qui s’ouvre grâce à ces nouvelles technologies. Elles sont encore grossières, certes, mais ce n’est qu’une question d’années avant qu’elles se miniaturisent. Très vite, les Google Glasses se transformeront en lentilles de contact, afin de devenir invisibles.

D’ailleurs, Google et Novartis viennent d’annoncer conjointement la sortie prochaine de « lentilles médicales », avec micropuce intégrée, permettant de détecter le taux de diabète et, dans un second temps, de corriger la presbytie.

Source : TechTimes
Vu sur : NovaPolis.fr

Commentaire de Nova Polis : La lecture de la pensée est une étape clé dans la fusion entre l’homme et la machine. À partir du moment où des technologies pourront enregistrer et analyser tout ce que l’homme pense et désire, on pourra dire que la liberté aura bel et bien été anéantie. Afin d’appréhender le « problème Google » dans son ensemble, nous recommandons la lecture de notre article Google, entreprise totalitaire.

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. – . – . – . – . – . – . – . – . – . – . – . – . GOOGLE, ENTREPRISE TOTALITAIRE . – . – . – . – . – . – . – . – . – . – . – .

Tout le monde connaît Google, mais sait-on que derrière ce moteur de recherche sympathique et efficace se cache la multinationale la plus puissante au monde qui, en fin 2013, s’est positionnée en bourse devant le géant du pétrole Exxon-Mobil ? Chaque semaine la firme californienne rachète de nouvelles entreprises, se positionnant en leader dans tous les domaines de la technologie de pointe. Rien de ce qu’elle entreprend n’échoue. Mais jusqu’où ira Google ? Quelle est sa stratégie ?

À travers cet article, nous verrons que Google a un objectif politique bien précis. On peut le comprendre par son évolution au long de ces quinze dernières années ainsi qu’à travers les récentes déclarations de ses fondateurs.

CONTRÔLE DE L’INFORMATION

L’information a toujours été au cœur de la stratégie de Google. Mais contrairement à ce que l’internaute lambda imagine, l’information qui intéresse le plus Google, ce n’est pas celle qui se trouve sur les milliards de pages du web, mais c’est avant tout les informations fournies par les utilisateurs eux-mêmes.

Chaque jour, quinze milliards de recherches sont lancées sur Google, par plus d’un milliards de personnes. Les mots-clés saisis, les liens cliqués sont méticuleusement enregistrés, stockés et analysés par de puissants programmes afin – dit-on – de rendre les recherches plus efficaces, et aussi pour permettre d’afficher des publicités mieux ciblées.

Dans le monde du commerce, si un produit est gratuit, comme on le sait, c’est que le véritable produit est le consommateur lui-même.

Dès sa fondation, Google s’est imposé grâce à une nouvelle méthode d’indexation des sites permettant d’évaluer leur popularité. Les premiers résultats sont toujours les pages qui plaisent au plus grand nombre de personnes. Quant aux informations valorisées par une minorité, elles sont reléguées aux oubliettes et disparaissent.

Quand on sait que 95 % des utilisateurs se contentent des trois premiers résultats, on réalise que le moteur de recherche Google est un vecteur majeur de la pensée unique. Ce qu’il met en avant devient de facto une vérité universelle.

Prenons l’exemple d’une des mises à jour de Google, en 2011, qui entraîna 35 % de changements sur les résultats. Du jour au lendemain, des milliers de sites web devinrent invisibles, entraînant la faillite de centaines d’entreprises. Personne n’avait changé d’avis sur ces sociétés, mais Google avait décidé pour nous.

Ceci démontre la puissance de ce moteur de recherches, qui est loin d’être seulement économique.

Google oriente l’information à l’échelle mondiale. On croit être libre en menant nos recherches, mais en réalité un puissant programme d’intelligence artificielle nous montre ce qu’il estime être bon pour nous. Et ce programme analyse nos moindres clics dans le but de mieux nous comprendre. À moins d’aller fouiller dans les milliards de pages indexées, on choisira ce que Google a présélectionné pour nous.

Au fil des années, le nombre de services « gratuits » offerts par Google s’est démultiplié (voir encart ci-contre). Mais lorsque l’on y réfléchit, on réalise que tous ces services ont pour but d’accumuler un maximum d’informations sur les êtres humains.

Aujourd’hui, Google sait ce qu’on cherche, ce qu’on achète ou vend, de quoi on parle, où on va, qui on fréquente. Il connaît la moindre de nos habitudes. Nous influencer, nous guider devient pour lui un jeu d’enfants.

CONTRÔLE DU MONDE RÉEL

Il y a seulement quelques années, on pouvait penser que cette surveillance ne concernait que le monde informatique et avait peu d’impact sur la réalité. Pourtant, nous voyons aujourd’hui qu’Internet est en train d’envahir le monde réel.

L’objectif, à moyen terme, est que tout objet du monde réel soit identifié, enregistré, répertorié et que, grâce à Internet, on puisse avoir plus d’information sur cet objet.

C’est ce que l’on nomme l’« Internet des objets » et Google s’est dès le début positionné en leader dans ce domaine (1), notamment avec son service de cartographie Google Maps qui n’est cependant qu’une ébauche.

Le but de l’Internet des objets est de connecter tous les objets afin qu’ils puissent communiquer entre eux. Les voitures, les montres, les thermostats, les télévisions, les frigos, les cafetières, les vêtements et tous les autres objets de consommation sont amenés à être dotés d’une puce afin de pouvoir interagir entre eux.

Google vient d’ailleurs de racheter Nest, une société spécialisée dans le développement des « maisons conscientes ». L’idée est que, lorsque l’on entre chez soi, les lumières puissent s’allumer automatiquement à la bonne intensité, la cafetière s’enclencher toute seule, la télé se mettre en marche sur notre chaîne préférée.

Google, avec sa maîtrise de l’intelligence artificielle, est parfaitement apte à développer cette technologie. Tony Fadell, fondateur de Nest, déclarait lors du rachat : « Google nous aidera à réaliser pleinement notre vision de la maison consciente, et nous permettra de changer le monde ».(2)
L’ambition de ces ingénieurs est claire : ils comptent récolter le maximum de données sur les comportements humains afin de métamorphoser la vie sur Terre… Une vie qui sera toujours plus agréable puisque les objets qui nous entourent répondront à nos attentes.

Cependant, face à des objets de plus en plus « conscients », capables d’interagir entre eux, l’homme sera lui-même rabaissé au rang d’objet.

Mais la technologie qui va rendre le plus « réel » l’Internet des objets, ce sont les lunettes de Google, les fameuses Google Glass que le géant expérimente depuis 2012 et qui seront lancées sur le marché américain en fin d’année, en partenariat avec RayBan.

Ces lunettes connectées permettront d’accéder à la « réalité augmentée » rien qu’en scannant le réel.

La dimension Internet se superposera au monde réel. Communiquant avec vous grâce à une technologie faisant passer le son par les os, Google pourra vous guider dans vos déplacements en temps réel, vous indiquant, par exemple, les meilleurs restaurants à proximité alors que vous marchez dans la rue.

Vous aurez l’impression d’être clairvoyant et clairaudient. Sans lunettes, par contre, vous vous sentirez comme un autiste ne pouvant comprendre, ni interagir avec le monde extérieur.

Le filtre Google vous coupera de la réalité. Vos sens seront altérés et il sera toujours plus difficile de faire la différence entre le réel et le virtuel, entre ce qui est la réalité objective et ce qui est suggéré par Google. Les enfants ayant grandi avec les Google Glass seront habitués à vivre uniquement dans le monde virtuel. Les tablettes et les smartphones les préparent déjà à cette mutation.

CONTRÔLE DES ÊTRES HUMAINS

Alors que l’ensemble du monde réel est en train de fusionner avec le monde virtuel et que les objets deviennent de plus en plus intelligent, il est normal que les êtres humains désirent être « augmentés » eux-mêmes.

Depuis des décennies, certains agitent le spectre d’un puçage général des populations. Mais ce puçage risque bien d’être désiré massivement compte-tenu des avantages proposés par les nouvelles technologies.

Google est à la pointe de cette évolution depuis qu’a été lancé Google Plus, présenté comme un véritable service d’identité qui a pour but, à terme, d’identifier tous les humains sur la planète.
Lancé en grande pompe en 2011, il est déjà utilisé par 300 millions de personnes. Son concurrent Facebook, avec son milliard d’utilisateurs, ne résistera sans doute pas longtemps au rouleau compresseur Google.

Mais la faiblesse de ce système est qu’il est difficile de garantir que celui qui se connecte sur un compte est bien le propriétaire du compte, et même que le nom utilisé sur le compte est bien le sien. Cela ne permet pas de sécuriser des achats, par exemple. C’est là que doit nécessairement intervenir une technologie de puçage.

En 2013, Motorola – propriété de Google – a déposé deux brevets allant dans ce sens : le premier pour une pilule microprocessée qui, une fois ingérée, transforme le corps de l’utilisateur en un système d’identification. Le second pour un tatouage high-tech comprenant un microphone intégré, un émetteur-récepteur sans fil et un bloc d’alimentation. Système informatique collé à la peau, l’outil pourra être connecté à un smartphone ou à des Google Glass.

En combinant ces technologies, il sera possible de téléphoner, d’envoyer des messages, de filmer, d’identifier des objets sans avoir besoin de la moindre technologie apparente. Et surtout, comme les êtres humains seront parfaitement identifiés, il sera possible de faire des achats 100 % sécurisés sans carte de crédit.

Poussons maintenant les choses un peu plus loin.
Imaginons une société où presque tout le monde dispose d’un profil Google Plus, ainsi que de lunettes Google.

En vous promenant dans la rue, vous ne croisez plus seulement des êtres humains, mais vous voyez surtout les profils Google Plus qui s’affichent au-dessus d’eux, montrant leur centres d’intérêts, leurs amis, les derniers messages qu’ils ont laissés sur leur journal en ligne.

Si vous avez des amis en commun, la personne clignotera sur vos Google Glass et vous irez à sa rencontre. Par contre, si vous croisez quelqu’un qui n’a pas de profil Google Plus, vous le considérerez comme quelqu’un de suspect, de « fermé », qui a quelque chose à cacher.

Ainsi Google non seulement influencera vos recherches sur Internet, mais aussi les lieux que vous fréquenterez et les personnes que vous aborderez.

Vous continuerez à vous sentir libre, mais la quasi-totalité de vos choix auront, en fait, été « préselectionnés » par le cerveau de Google, qui orientera désormais non seulement vos pensées, mais aussi vos sentiments et vos actes.

L’OBJECTIF TRANSHUMANISTE

Beaucoup trouveront les lunettes Google sympathiques, sans réaliser qu’en acceptant d’intégrer ces technologies, ils ont commencé à se transformer en robots. Le reste suivra tout seul.

Début 2014, les dirigeants de Google ont fait leur coming-out (3) en tant que transhumanistes, leur but étant d’utiliser toute la puissance de la science pour rendre l’homme meilleur, plus intelligent, plus rapide, voire immortel.

Les transhumanistes souhaitent créer le « post-humain », « augmenté » grâce à l’implantation de processeurs et organes artificiels. Ils croient en la compatibilité entre l’esprit humain et les ordinateurs, avec l’idée que la conscience pourra un jour être transférée sur support informatique. Pour eux, les êtres non-augmentés qui refuseront cette mutation formeront une sous-espèce, les « chimpanzés du futur ».

On pourrait penser qu’il s’agit-là d’un rêve qui ne se réalisera jamais. Mais il se trouve que Google est une des plus puissantes entreprises au monde, et qu’elle n’a essuyé aucun échec jusqu’à présent. Les fondateurs de Google ont les moyens de leur folie.

En 2009, Google est devenu l’un des principaux sponsors du mouvement transhumaniste en créant l’Université de la Singularité en partenariat avec la NASA. La « singularité » est le moment où la machine dépassera l’être humain, un moment que les transhumanistes attendent avec impatience.

Le principal théoricien du transhumanisme et de la singularité, Ray Kurzweil, a été engagé par Google, en 2012, et placé à la tête de ses équipes de recherche.

– – Photo : Ray Kurzweil, pape du transhumanisme – –

Depuis, Google se livre à des rachats en chaîne de sociétés à la pointe de la robotique et de l’intelligence artificielle.

Aujourd’hui, 40 % des ingénieurs en robotique dans le monde travaillent – parfois sans le savoir – pour Google et les résultats de leurs recherches sont intégrés dans des projets dirigés par son laboratoire secret, le Google X Labs.

Bien entendu, la firme prétend ne développer cette technologie que pour la mettre au service de l’homme, porter assistance aux personnes à mobilité réduite ou en fin de vie, aider à la manipulation de charges lourdes dans l’industrie, et rendre la vie des hommes plus pratique, plus agréable.

C’est de la publicité pour vendre un changement radical qui, de toute façon, se fera avec ou sans notre accord.

GOOGLE, UN PROJET POLITIQUE

Depuis le XVIe siècle, les utopistes qui ont rêvé d’un homme parfait, vivant éternellement dans la matière, ont également désiré mettre en place des cités où ce rêve serait non seulement toléré, mais même encouragé par l’ensemble de la société.

Il en est de même pour les transhumanistes de Google qui souhaitent établir un paradis digital, où tout sera contrôlé par l’informatique – une sorte d’inversion matérialiste des mondes divins originels régis par l’Esprit.

Le « territoire » de Google se limite pour l’instant à ses datacenters, de gigantesques constructions ultra-sécurisées qui abriteraient plus de deux millions de serveurs (les chiffres exacts restent secrets).

Ces datacenters, répartis à travers le monde, forment la toile d’araignée Google, une sorte de copie géante du système neuronal humain.

Actuellement, Google investit énormément pour rendre ses datacenters énergétiquement autonomes, indépendants de tout support extérieur. Les datacenters de dernière génération sont flottants et peuvent être placés au milieu des océans.

Pourquoi mettre ces serveurs sur la mer, là où ils risquent le plus de s’endommager ? Parce que s’ils pouvaient être placés en eaux internationales, Google n’aurait plus de compte à rendre aux États.

L’idée de communautés offshore situées dans les eaux internationales fait rapidement son chemin parmi les transhumanistes.

Les premières sont prévues pour cette année au large de San Francisco, financées par des multimilliardaires ayant fait fortune dans l’informatique. Les projets les plus aboutis deviendront réalité d’ici à la fin de cette décennie.(4)

Embryons de cités souveraines, elles permettront un développement technologique accéléré sans barrières fiscales, ni limites juridiques.

Larry Page, le cofondateur de Google est clair : « Il y a beaucoup de choses importantes et excitantes que nous pourrions faire, mais nous en sommes empêchés parce qu’elles sont illégales […] En tant que spécialistes de la technologie, on devrait disposer d’endroits sûrs où l’on pourrait essayer des choses nouvelles et juger de leurs effets sur la société et les gens… »

Voilà donc le but de ces cités indépendantes projetées dans les eaux internationales : servir de laboratoires pour expérimenter la vie du futur.

Et lorsque Larry Page parle de « choses illégales », il pense à tout ce qui touche au transhumanisme : modification des gênes, fusion des embryons avec des machines, trafic d’organes, etc. Le transhumanisme, pour se développer, a besoin de cobayes humains et les dirigeants de Google ont l’intention de mener librement leurs recherches.

D’ailleurs pour montrer qu’elle compte bien se réguler elle-même, la multinationale a d’ores et déjà établi un « comité d’éthique » afin de traiter ses problématiques juridiques futures.

Normalement ce sont les États qui fondent des comités d’éthique pour réguler l’activité des entreprises. Google a-t-il l’intention de devenir un État à part entière ? Cela semble évident.
Qui pourrait s’opposer aux projets indépendantistes du géant du web ? Sont-ce les États, qui peinent déjà à appliquer l’impôt sur les sociétés informatiques ? Google devrait un milliard à l’État français… mais il peut se permettre de faire attendre la France. La firme a déjà un capital plus important que le PIB de nombreux pays, alors que les États, eux, croulent sous la dette.

Il est d’ailleurs probable que, d’ici à quelques années, Google sorte sa propre monnaie. De nombreuses expériences ont déjà lieu sur le web et Google attend sans doute le bon moment pour se lancer dans l’aventure.

Pour les oligarques de la Silicon Valley, les États sont dépassés. Leurs systèmes de gestion sont inefficaces et trop lents. Ils veulent un pouvoir privé et libertaire. Pour eux, les États sont des freins qu’il faut balayer, des représentants du vieux monde.

En cela, ils n’ont pas tort. Mais veut-on du nouveau monde qu’ils préparent si activement ?

GOOGLE, UN PROJET MILITAIRE

La grande force de Google, en comparaison avec les États, c’est l’image sympathique que l’entreprise véhicule.

Qui peut avoir de l’antipathie pour une entreprise qui offre tant de services gratuits ? Formuler une quelconque critique serait du négativisme malsain et la devise de Google – « Don’t be evil » – prend tout son sens : ne prêtez pas de mauvais desseins à une firme pleine de bonnes initiatives.

Pourtant, Google, sous son image « bon enfant », est géré à la façon d’un État-major militaire. Les informations-clés sont tenues secrètes, personne ne devant savoir ce que préparent ses ingénieurs au sein du Google X Labs. Les projets évoqués dans cet article ont été mûrement réfléchis dans ces laboratoires avant de sortir au grand jour.

Il faut réaliser que, jamais dans l’Histoire, une organisation n’aura eu autant d’influence sur l’économie mondiale, tout en ayant accès aux données personnelles de milliers d’individus.
Il y a de quoi se demander s’il n’y aurait pas un lien entre Google et l’armée américaine.

Les firmes technologiques américaines ont toujours entretenu des relations étroites avec l’armée la plus puissante au monde.

Dans le cas de Google, ces liens ont l’avantage d’être particulièrement clairs puisqu’en 2012, Regina Dugan – alors directrice de la DARPA (l’agence chargée du développement technologique pour l’armée américaine) – a quitté ses fonctions pour rejoindre l’équipe dirigeante de Motorola, propriété de Google.(5)

Quelques mois plus tard, la firme déposait les brevets de technologie de puçage dont nous avons parlé. Est-ce Motorola qui a développé ces technologies ou ont-elles simplement été transférées des laboratoires de la DARPA pour être « offertes » au grand public ?

Pour rappel, c’est la DARPA qui a inventé Internet en connectant dès 1970 les ordinateurs de quatre grandes universités américaines. C’est également elle qui a inventé le GPS dès les années 60, les drones sans pilotes, et qui travaille aujourd’hui sur les voitures volantes.

Chaque année, la DARPA organise un prestigieux concours en robotique. En décembre 2013, six des huit gagnants étaient issus de sociétés rachetées par Google.(6) La NASA fut complètement dépassée, n’atteignant que la cinquième place. Un symbole clair montrant la puissance de Google qui prend le dessus sur l’armée américaine… à moins qu’il ne s’agisse que d’un habile transfert.

– – Photo : R. Dugan, transfert de l’armée vers Google – –

En effet, la forme juridique de Google permet aux États-Unis de capter le savoir-faire technologique étranger par le jeu du lien secteur privé/secteur d’État, alors que l’armée américaine est limitée à faire ses recherches sur le seul territoire américain.

Google a surtout l’avantage de se présenter comme une firme offrant des services gratuits et des gadgets « amusants » à ses utilisateurs. Tout le monde se méfie de l’armée américaine, mais personne ne prête de mauvaises intentions aux sympathiques dirigeants de Google.

CONCLUSION

Après ce tour d’horizon, nous comprenons que Google est un projet à la fois politique et militaire avec des objectifs très ambitieux.

« Inspiré » par l’armée américaine et ayant atteint une puissance sans bornes, son statut supra-étatique n’est même plus dissimulé et deviendra visible sans doute à la fin de la décennie lorsque commenceront à être établies les cités Google, qui permettront à la firme d’accélérer le développement du projet transhumaniste.
Google soigne son image d’entreprise au service de l’homme mais c’est en fait la servitude technologique et la mutation transhumaniste qui nous guettent dans un avenir proche.

Cependant, le futur n’est pas encore écrit. Google montre que les États représentent l’ancien monde et qu’ils sont dépassés. Il montre qu’il est possible, si nous le désirons, d’opérer une révolution radicale de la société en repartant de zéro.
Nous pouvons nous aussi créer un futur où la spiritualité aura une place et où des valeurs telles que la vérité, la liberté et la fraternité ne seront pas que des mots vides.

Auteur : Kenker
Source : novapolis.fr

Notes :
(1) « Comment Google colonise le marché de la réalité augmentée », Siroko, 19 mars 2014
(2) « Pourquoi Google rachète Nest? », Nouvel Observateur, 15 janvier 2014
(3) « La stratégie secrète de Google apparaît… », Le JDD, 8 février 2014
(4) « Micro-Etats, villes flottantes : le projet fou des nouveaux maîtres du monde », Nouvel Observateur, 13 avril 2014
(5) « Etats-Unis: Google débauche la patronne de la recherche militaire », IT Espresso, 14 mars 2012
(6) « Le Darpa Robotics Challenge consacre les robots achetés par Google », Futura Sciences, 27 décembre 2013

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Source du présent article : Delta de la Lyre


– – Photo de la tête de Buddha à Wat Mahathat, Ayutthaya, Thailand ; prise par Kwanchai K. – –

Alexandre Rougé, Techtimes, Kenker