L’urgence évoque ce dont il faut s’occuper sans retard. Selon les diverses approches de la psychologie, les gens qui se retrouvent dans l’urgence permanente n’auraient pas appris, alors qu’ils étaient bébés, à supporter l’absence momentanée de leur mère quand celle-ci avait l’habitude de réagir promptement à leur pleurs ou anticipe tous leurs désirs. Alors, le jeune enfant qui n’est jamais frustré développe l’impression que l’absence et le manque ne doivent, anticipant et compensant tous les désirs de l’enfant.

En psychanalyse on propose plutôt que les adultes impatients, des hyper pressés, sont inconsciemment restés au stade de la toute-puissance infantile, quand l’enfant a l’impression d’être doté d’une pensée est magique lui permappel-à-l’actionettant de faire advenir ou disparaître les êtres et les choses. Dans une évolution normale, il importe qu’un être découvre qu’il existe une autre réalité qu’il ne crée pas en dehors de ses fantasmes. Sauf que, chez certains, ce passage du «principe de plaisir» au «principe de réalité» aurait tout simplement échoué.
En Gestalt-thérapie on considère plutôt que derrière le sentiment d’urgence se cachent des émotions refoulées qu’un être n’aurait pas accueillies et soutenues. L’angoisse existentielle, la peur de vieillir, une colère ancienne, trop longtemps contenue contre ses parents ou contre soi-même peuvent amener un être à tyranniser leur entourage. De toute évidence, vouloir tout et tout de suite cache également une pulsion de domination, le besoin d’avoir une emprise sur les choses, le temps, les gens ou l’environnement. Cette façon de prendre le pouvoir sur la réalité extérieure permet souvent de camoufler un manque profond d’estime de soi.

Pour les comportementalistes, une extrême impatience peut provenir de graves troubles anxieux. Par exemple, les phobiques sociaux ne supportent pas d’attendre parce qu’ils ont peur d’être regardés et dévisagés. Chez les personnalités impulsives, dites «border-line», l’impatience peut s’accompagner d’un choix de réagir violemment. Certains chercheurs l’expliquent par un dérèglement de la production de sérotonine. Mais on peut croire que, dans cette pathologie, un milieu familial dissocié, une enfance insécurisante, une absence de cadre éducatif, sont plus déterminants.
Les études épidémiologiques montrent que les personnalités qui tolèrent difficilement grandissent en nombre. Tous admettrons que la vie présente moderne, avec ses inventions sophistiquées, a développé une culture de l’impulsivité, Par exemple, la génération dite «zapping» n’accepte plus de distance entre l’éveil d’un désir et satisfaction immédiate. Une publicité plus ou moins récente relative au haut débit ne proposait-elle pas le slogan : «Je ne supporte pas d’attendre, surtout sur Internet»?

Mais lorsque les Maîtres spirituels, porte-parole du Créateur, ont récemment parlé de «sentiment d’urgence», ils ne référaient en rien aux notions qui précèdent. Ils ont plutôt rappelé que, présentement, il presse de choisir son camp, entre les matérialistes à tout crin et la Voie ascensionnelle et d’affirmer l’idéal qu’on privilégie, entre les Ténèbres sentiment-d’urgence-1et la Lumière. Dès lors, il ne s’agit en rien d’une menace ou d’une brusquerie, mais du rappel d’un accomplissement cyclique dont le terme est signalé au Calendrier divin, de par l’immuabilité du Plan de l’Absolu. Il ne cherche en rien à jeter dans la crainte ou la panique, qui confinent à la tension permanente, mais ils convient aux sens du discernement et de la sagesse qui amènent à faire, par soi-même, des choix responsables et conscients pour rester en accord avec le mouvement du présent cycle de la vie, l’Ère de l’Ascension.

Ainsi, le sentiment d’urgence peut éviter un déphasage et permettre de rester actualisé et de profiter des synchronicités heureuses. Dans l’alliance de la prudence et de la sagesse, il s’agit d’un sentiment de vigilance constante, sans agitation, qui amène à vivre sans dispersion, donc de façon détendue, mais concentrée, cohérente, cohésive, centré sur le moment présent et uni à son Centre divin. Ce sentiment se nourrit dans le recueillement quotidien de l’intériorisation ou de la méditation pour comprendre ce qui relève de l’initiative du jour actuel, afin de cesser de remettre à plus tard ce qui appelle la diligence quotidienne. Chacun peut alors en profiter pour demander d’être ajusté à la fréquence de l’immédiat, telle qu’elle vibre dans la Conscience cosmique, et de rester constamment aligné sur elle.

En matière de spiritualité, se garder à jour et se hâter lentement permet d’éviter de se retrouver dans l’urgence. Savoir attendre son heure et prendre son mal en patience n’est facile pour personne, mais s’apprennd, avec l’expérience.

Bertrand Duhaime

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