4 – INTRONISATION DU GRAND NKANI

De mémoire, rares sont les cérémonies au cours desquelles se manifestent des incarnations mystiques de cette envergure. Et surtout, peu nombreuses sont les personnes capables de supporter le rituel sexuel et asexué de ces pratiques initiatiques. Le président a tout subi. L’ exceptionnel fut le fait qu’il a affronté deux apparitions surnaturelles. C’est-à-dire des créatures issues de deux mondes, celui des eaux et celui de la forêt.

La première visite fut celle de la sirène des eaux*. Elle était venue le voir dans la chambre aménagée pour la circonstance par le vieux féticheur au bord de l’Alima. Leur tête-à-tête dura une demi-journée. Satisfaite par les cadeaux – des sacrifices humains – que lui avait présentés le Président de la République et par les moments intimes qu’ils avaient partagés, elle avait décidé de l’emmener dans les profondeurs de son royaume au fond de l’Alima pour lui prouver sa reconnaissance. Pendant l’absence du président qui dura deux jours, le sorcier, ses disciples et les initiés jeûnaient, dansaient en attendant son retour. Ce voyage était très risqué car il arrivait que le monde de l’eau retienne captif un homme, tout simplement parce qu’une des princesses ou la reine en personne s’était amourachée de lui. Les sirènes étaient polyandres et raffolaient des humains. Malheureusement, elles se lassaient vite de leur passion dévorante

et éliminaient souvent leur victime, une fois assouvi leur plaisir charnel.

Lorsque le président réapparut, le sorcier égorgea immédiatement cinq bébés en hommage à la reine mère terre. C’est elle qui était intervenue pour intercéder en faveur du chef de l’État. Elle avait le pouvoir et l’autorité de dulcifier la sirène des eaux. Connaissant la duplicité de langage de cette dernière, le sorcier avait pris toutes les précautions au cas où celui-ci serait retenu. Ce qui fut d’ailleurs le cas. La fille de la reine avait jeté son dévolu sur le Président de la République et souhaitait le garder à ses côtés comme époux. Les négociations furent âpres; c’est sous la garantie de lui fournir régulièrement des mâles que la reine mère terre négocia le retour du fils de Oyo-Edou.

La pérennisation de son règne était conditionnée par le pouvoir de la sirène des eaux. Car il avait besoin de sa capacité de séduction pour charmer et avoir l’ascendant sur toutes les femmes de son entourage, surtout les étrangères et les femmes de ses homologues. Il avait pris ce risque en connaissance de cause. C’est le sourire aux lèvres qu’il était revenu du monde des eaux, avec une vieille marmite et une feuille de papyrus sur laquelle était inscrite en hiéroglyphes une recette particulière. (Dans le monde spirituel, les barrières linguistiques sont inexistantes). C’est avec celle-ci qu’il devrait préparer la potion qui lui permettrait à l’avenir d’envoûter les femmes. Toutefois, la plus terrible des épreuves n’était pas cette escapade. La plus éprouvante fut la relation sexuelle qu’il eut avec une créature mi-homme mi-reptile. Celle-ci avait une couleur argentée semblable à celle du python royal, elle mesurait au moins dix mètres et n’avait d’humain que la tête.

C’était celle d’un homme aux cheveux blond vénitien. Son visage avait une étrange blancheur, comme s’il était recouvert d’une couche épaisse de kaolin, tandis que le reste de son corps avait la forme d’un reptile. La créature était restée toute une nuit avec le chef de l’État dans une intimité profonde. Sa voix ressemblait à celle d’un oiseau. Après l’avoir léché des heures durant, elle exigea une pénétration anale avec lui. C’était le moment redouté par Désiné, car bien que préparé à ce genre d’éventualité, il n’en demeurait pas moins terrifié. Mais il savait aussi que plus les choses étaient difficiles, plus il gagnerait en puissance et en pouvoir. La question qui le tarabustait était comment la créature allait pouvoir le sodomiser ? Il ne voyait en elle aucun membre sexuel et lorsque celle-ci lui dit :

— Couche-toi sur le ventre.

Il obtempéra sans rechigner et ferma immédiatement les yeux, sans oublier de serrer les dents. Lorsqu’il sentit quelque chose écarter ses fesses, il s’était lancé dans des incantations qui lui permirent d’élever à moitié son esprit. C’est de cette manière que son corps devenait un simple vêtement dans lequel il habitait. Il sentit tout de même la pointe de la queue de la créature qui titilla d’abord son anus avant de s’introduire totalement en lui.

La pénétration en elle-même n’était pas très douloureuse, c’était la sensation de loger quelque chose de très, très lourd dans cette partie de son anatomie qui était pénible. Il avait la sensation qu’un puissant aimant l’attirait vers les entrailles de la terre, déchirant ainsi son corps de l’intérieur. Il crut un moment qu’il allait perdre connaissance tant la douleur devenait de plus en

plus insoutenable. La bête ne semblait plus vouloir sortir de son corps ; en attendant, il continua à psalmodier. Des larmes coulaient de ses yeux, il bavait de douleur et tous ses nerfs étaient à vif. Ces tribulations physiques étaient atroces. Cela dura un long moment, puis tout à coup, comme lors de son rapport sexuel avec la sirène des eaux, il sentit dans cette partie douloureuse de son corps une chaleur délicieuse. Douce comme du miel, elle se diffusait lentement dans tout son corps jusqu’à la tête. Puis il entendit comme le bruit d’une détonation, une explosion jaillit dans son cerveau. C’était l’extase. Le feu d’artifice. Il hurla de plaisir comme un fauve durant un moment interminable. Lorsque tout s’arrêta, il constata avec surprise que la créature avait disparu. Une époustouflante quantité de sperme s’était répandue sur le lit.

— C’est à moi, ça ? dit-il à moitié groggy.

Oui, c’était à lui ! Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il avait éjaculé cette industrielle quantité de sperme. Il y avait aussi du liquide séminal de l’autre côté de son corps, à profusion. La créature, elle aussi avait joui. Sa semence était beaucoup plus grisâtre. Le président la recueillit comme on le lui avait expliqué et l’introduisit dans une calebasse prévue à cet effet. Cette semence avait un rôle prépondérant dans l’échange des bons procédés qui dorénavant, s’instaurerait entre lui et le monde des esprits.

Durant l’intronisation spirituelle du Président de la République, une centaine de personnes au moins avaient perdu leur vie. Il était clair que des sacrifices aussi sanglants avec autant de victimes n’étaient pas courants.

Mais, tant que durerait son règne,il savait qu’il devrait renouveler de temps en temps des holocaustes de ce genre, comme offrandes aux puissances obscures. Plongeant par la même occasion d’innombrables familles dans la désolation.

Le président de la République avait ramené en prime des trophées mystiques issus directement du monde invisible. Le fait que le chef des esprits se soit déplacé en personne sous la forme d’une créature le flattait énormément. Il considérait cela comme une marque de considération. Ainsi, la reine mère terre signifiait sa satisfaction totale. Vu le nombre des victimes sacrifiées, ce n’était pas étonnant. En la laissant pénétrer dans les parties intimes du président, une grande et puissante alliance avait été conclue, qui les mettait à l’abri de toutes formes de danger. Pour couronner le tout, le Chef de l’État avait réussi toutes les autres épreuves qui lui avaient été prescrites. Il était devenu invincible. Personne au monde ne pouvait se frotter à lui. Il en était convaincu.

Mais au sortir de ces épreuves il conservait quelques craintes. La perspective d’avoir à subir autant d’épreuves avait provoqué en lui une sourde angoisse mêlée de perplexité, concernant l’avenir. Le vieux sorcier initiateur comprit ses préoccupations et anticipa en lui disant :

— Ce que tu as fait est fort et unique, mon fils, personne n’a jamais réussi ça avant toi. Tu es maintenant très, très puissant. Tant pis pour celui qui osera te braver. Maintenant, tu n’as plus que les sacrifices humains à faire chaque fin d’année.

Les inquiétudes de ce dernier étaient consécutives aux sévices sexuels que lui avait fait subir le python royal argenté. Depuis, il souffrait de terribles hémorroïdes. Sa grande crainte était d’avoir à endurer tous les ans cette épreuve. À cet égard, le vieux sorcier D’Alima se voulut rassurant, en lui expliquant la part de travail spirituel qui lui incombait :

— Tout dépend de toi, fils. Si tu veux encore plus de pouvoir, tu peux le faire tous les deux ans. Maintenant que tu es initié, il te faudra aménager une pièce secrète chez toi, où tu pourras retrouver le python royal. C’est lui qui te donnera de la puissance. Tandis que la sirène des eaux te permettra de séduire tout le monde, afin d’obtenir tout ce que tu veux de la part de tous les dirigeants les plus puissants dans le monde, le peuple, les femmes et même les enfants. Ils seront tous sous ton charme et te seront tous soumis, grâce à la sirène des eaux. Mais pour assujettir les rebelles, il te faut trouver les restes humains des plus grands dominateurs du pays.

— Qui ?

— Ceux qui ont asservi ce pays aux blancs pendant des décennies. Tu dois trouver les restes de ces hommes et me les donner. Leur pouvoir est toujours avec eux, il faut que tu le prennes, tu comprends ? Trouve ses restes. Quid des cérémonies funèbres célébrées avec faste au palais des congrès lors du décès de grandes personnalités congolaises….les ossements de De Brazza et de sa famille ne se trouvent pas dans le mausolée qui a coûté aux contribuables congolais des millions d’Euros. Le testament de Moungounga Nkombo Nguilla est un pied de nez fait à cette cérémonie macabre et satanique des ossements.

— Qui ?

— Tu parles du colon qui a découvert et conquis le royaume Téké ?

— Tu as bien compris. Ensuite, tu devras coucher avec toutes les femmes de tes collaborateurs et de tes homologues présidents.

Toutes, tu entends ? C’est la seule façon de prendre leur vigueur, ainsi, ils te seront tous soumis.

— Pas de problème pour ça. C’est un détail, déclara le président, le sourire aux lèvres.

Après tout, coucher avec les femmes des autres l’amusait, il l’avait toujours fait. Cela ne représentait pas une contrainte à ses yeux. Tous ses ministres savaient que le chef de l’État entretenait régulièrement des relations sexuelles avec leurs femmes. Surtout lors de leur absence du pays. Mais que pouvaient-ils y faire ? C’était la rançon de la gloire.

Il se passait quelque chose d’extraordinaire, lorsque leurs époux étaient envoyés à l’étranger dans des missions officielles, sans grand intérêt. Une sorte de compétition avait lieu entre les épouses des notables. Même celles dont les maris étaient présents bataillaient dur pour partager les charmes du Président de la République.

Elles étaient aussi conscientes que c’était la condition sine qua non pour maintenir leurs maris à leurs postes. Leur promotion au sein du gouvernement se décidait sur l’oreiller, grâce à elles. Les époux faisaient tous semblant de ne pas être au courant de ce que personne n’ignorait dans le pays. Les honneurs, l’argent, les fonctions de haut rang avec les avantages y afférant étaient à ce prix. Ces derniers avaient placé les considérations matérielles au dessus de leur amour-propre. Leur soif de reconnaissance et de gloire était plus forte que leur dignité et leur respectabilité. Cela amusait le chef de l’Etat qui les méprisait tous, sans exception. Le sorcier féticheur poursuivait ses explications au Président de la République :

— En emportant un peu de ta semence, les esprits ont enregistré ton empreinte, maintenant. Ils sauront où te joindre, où que tu ailles. Je vais d’ailleurs t’apprendre comment communiquer avec eux. Il te faudra faire encore beaucoup de sacrifice avant de te marier. Cette fois avec ton propre sang. Il leur faudra du sang de ta propre lignée. Celui d’une centaine d’enfants issus de tes entrailles.

Estomaqué, le président de la République bondit de sa place.

— Tuer mes enfants ?

— Mais non, pas ceux qui sont déjà nés. Arrange-toi pour que de nombreuses filles tombent enceintes de toi. Ensuite, tu les obligeras à avorter. Les sacrifices les plus importants sont les grossesses qui atteignent cinq à six mois. L’âme des fœtus est très prisée par les esprits. Ce n’est qu’après le sacrifice de plus de cent fœtus que tu pourras te marier. C’est la seule manière d’augmenter la puissance du python royal. En ce qui concerne la sirène des eaux, tu sais ce qui lui fait le plus plaisir. Ne la mets jamais en colère et donne-lui en temps et en heure ce qu’elle t’a demandé. N’oublie jamais qu’elle est très jalouse. Tu as une amende auprès d’elle. Remplis ton devoir, poursuivit le vieux sorcier.

Le séjour du Président de la République dans son village natal de Oyo-Edou ne s’était pas achevé avec son intronisation.

Il passa la majeure partie de ses nuits dans la maison du sorcier qui l’avait prévenu de s’abstenir de toute mesure d’hygiène durant plusieurs jours. Il ne devait ni se laver ni toucher à aucune vaisselle, ni couverts. Le manger et le boire lui étaient servis directement dans la bouche par les disciples. Son père spirituel prenait soin de lui apporter chaque jour des éclaircissements relatifs aux obligations et interdits qui devaient dorénavant faire partie intégrante de sa vie.

Ce n’est qu’une semaine plus tard que ce dernier l’invita à venir se faire laver spirituellement dans la rivière, au beau milieu de la nuit. Cela donna lieu à une cérémonie particulière. Ils étaient tous réunis là, chantant, psalmodiant et dansant selon les rites inscrits depuis les temps anciens. Les initiés, les disciples et même les sorciers fiticheurs étaient recouverts de terre rouge et de kaolin. Ils étaient entièrement nus, seuls des couvre-chefs fabriqués avec des plumes de volatiles surplombaient leur tête. On aurait dit des spectres, sortis tout droit de l’enfer.

Pendant que le chef de l’Etat était entré dans l’eau en compagnie du vieux sorcier féticheur et trois de ses disciples, le reste de la troupe sur la berge se scarifiait le corps avec des sagaies, des couteaux et des bouts de verre. Au signal, tous entrèrent dans l’eau pour se débarrasser de leur barbouillage, celle-ci devint rouge sang.

— Tu es le nouveau dieu du Congo Brazzaville, crièrent-ils tous comme des fous furieux.

Le chef de l’Etat demeura encore une journée dans l’atelier du sorcier où les disciples de ce dernier continuaient à réciter sans interruption des incantations, pendant que leur chef tournait autour de lui, en lui frictionnant la peau avec des produits à l’odeur pestilentiel. Ce n’est qu’une fois que tout cela fut fini que tous les initiés se réunirent chez le chef du village, afin de discuter ensemble de certains détails généraux.

Une inquiétude lancinante minait le nouveau Président depuis qu’il avait pris le pouvoir. Le fait que la communauté internationale ait condamné sans ambiguïté le coup d’État qui l’avait porté à la tête du pays. Lorsqu’il leur fit part de son anxiété, le sorcier troublé, ne comprenait pas comment il pouvait douter une minute du pouvoir absolu qu’il venait de recevoir de la part de ses ancêtres et explosa en disant :

— Cococomuoté itélationale*, comuoté itélationale. C’est quoi, ça ?

— Ce sont les toucoutous, vieux. Les blancs, quoi ! Expliqua le chef de l’Etat.

— Eééh tu as peur de ces toucoutous-là ? Eéééh, ! Mais tu ne réalises pas ce que tu as accompli ou quoi ? Les ancêtres t’ont honoré de leur faveur, comment peux-tu encore avoir peur de ces niama-niamas*-là ? Tu viens de remporter avec succès tous les rites initiatiques. Tu as encore peur de quoi ? Des toucoutous ?

Le vieux chaman était déchaîné. Comment son initié pouvait-il oser parler d’une chose aussi insignifiante que la crainte des hommes et à fortiori des institutions crées et contrôlées par de simples mortels après ce qu’il avait vu, vécu et enduré? Les règles qui prévalaient dans le monde des esprits ne prenaient-elles pas le pas sur toutes autres considérations humaines ? Avant qu’il ouvre la bouche pour sermonner le chef de l’État, quelqu’un d’autre prit la parole et dit à ce dernier :

— Ces donneurs de leçon d’humanisme, de droits de l’homme factices viendront tous manger à ta table, Patron. Ne t’inquiète pas.

C’était l’instituteur de l’école du village, Jean Dominique, un cousin membre de la confrérie des sorciers.

Irrité, le sorcier se lança dans des imprécations à l’égard des Occidentaux :

— Et s’il y a quelqu’un qui te boude, dans le pays des blancs, donne-moi seulement son nom, un peu de ses cheveux, son shilipe sale et et tu vas voir ! Je vais bien les envoûter. On connaît leur faiblesse, c’est le sexe. En récupérant aussi leur semence qu’ils laissent traîner dans les sachets, c’est trop facile même ! On les maraboute vite fait et bien fait. C’est trop bien, même. Il ne faut pas t’inquiéter. On peut aussi les droguer pendant leur séjour ici, ou bien on va se déplacer chez eux en esprit et on les fera sodomiser par les djinns pendant leur sommeil. Il paraît qu’ils aiment ça.

L’instituteur, qui n’était pas à bout d’arguments, entreprit aussi de rassurer le nouvel initié :

— Enfin, Président, tu crois que tous les dictateurs des pays voisins, qui sont au pouvoir depuis une vingtaine, une trentaine voir une quarantaine d’années, c’est par hasard qu’ils sont toujours là ? Ils ne tuent pas ? Ils ne volent pas ? Ils n’oppriment pas leur peuple qui croupit dans la misère ? Les donneurs de leçon ne sont-ils pas leurs amis ? Leurs mains pleines de sang, là, ce ne sont pas les mêmes qui saluent les plus hautes personnalités de ce monde ? Ne sont-ils pas tous reçus par les grands leaders de la communauté internationale ? Dans les lieux prestigieux tels que les assemblées nationales, les sénats et les académies, hein! Toi, Président , tu vaux mieux que les vieux crocodiles qui sont au pouvoir en Afrique depuis des décennies. Si tu veux qu’ils ne t’embêtent pas, Président, il faut seulement leur donner beaucoup, beaucoup d’argent en liquide. Surtout juste avant les campagnes électorales en Europe. Il faut tous les arroser de pognon. Les blancs sont tous des putes. Si tu veux les baiser, il faut y mettre le prix, après, tu es tranquille.

Les critiques que l’instituteur avait énoncées à l’endroit des chefs d’État africains homologues du chef de l’Etat, firent une forte impression sur ce dernier qui déclara à la surprise générale.

— Hum ! Toi, tu es très intelligent. Je vais t’emmener à la capitale. Tu seras mon ministre, conseiller spécial personnel.

Jean Dominique avait du mal à en croire ses oreilles. C’était complètement inespéré. Presque trop beau pour être vrai. Il laissa passer un certain laps de temps, avant de réagir. C’est en balbutiant qu’il dit :

— Euh ! Euh ! M, m, mer-ci, merci beau-coup. Pas de problème

! C’est, c’est très… bien pa pa rce que, j’ai encore beaucoup d’autres conseils à vous donner. Moi, je connais très, très bien les toucoutous. Je connais par cœur l’histoire de France, de l’ Amérique, de l’Allemagne et de…

— C’est bon, c’est bon. Tu auras ton poste de ministre consyer* espécial*. Pour l’instant, on a d’autres choses à faire.

Le vieux sorcier interrompit brutalement le ministre conseiller spécial personnel fraîchement nommé qui, emporté par l’émotion, s’était déconnecté de l’ordre du jour de la réunion.

— Président, tu sais maintenant comment conserver et accroître ton pouvoir, ce sont les sacrifices humains.

5 – DES ADDITIFS SACRIFICIELS DE LA CONSERVATION DU POUVOIR

Pour conquérir, conserver le pouvoir et assujettir le peuple il faut accepter et subir des abominations innommables et pénétrer physiquement la connaissance du monde invisible et de ses exigences.

C’est un univers totalement aux antipodes des valeurs humaines d’amour et de bon sens que la foi chrétienne . L’aspect obscur des cérémonies et des

rituels atroces relève de l’horreur absolue.

Il faut faire le choix de sa conscience: il faut être animiste et donner son âme aux créatures des eaux et des forets.

Ce sacrifice passe le rituel du tropisme. Il donne un pouvoir à la personne qui l’exécute, afin qu’elle puisse diriger, orienter et contrôler la volonté de certaines personnes dans la logique désirée. Ils deviennent par la suite sans volonté, sans convictions aux principes ; de vrais marionnettes. Ce rituel mystique annihile toute capacité de réflexion. Le principe est de faire absorber à la personne ou au groupe de personnes que l’on veut asservir, un mélange composé

d’organes humains, tels que des coeurs de nouveau-nés, des oreilles de sourd et des langues de muet. Il faut que les organes de ces victimes soient frais, selon les rites ancestraux. Le sorcier les réduit en poudre par une technique de cuisson très particulière dont lui seul a le secret puis les mélange à d’autres produits, en prononçant des paroles incantatoires. Le nombre de victimes à sacrifier aux esprits, dépend de la quantité de personne à envoûter. Pour une population de cinq millions d’habitants disséminés dans neuf régions, il faut une victime au minimum par territoire , selon le besoin initial programmé, soit neuf muets, neuf sourds et neuf cœurs de nouveau-nés. Et répandre la poudre obtenue dans les stations de distribution d’eau de tout le pays. En buvant et en se lavant avec cette eau, la population devient totalement assujettie à la volonté de son dirigeant. Tant que la quantité de poudre nécessaire est suffisante,on verse tous les jours jusqu’au prochain renouvellement des stock, occasionnant ainsi de nouveaux sacrifices.

Le deuxième rituel est une cérémonie visant à aveugler les étrangers sur ce qui se passait dans la communauté, de façon à ce qu’ils ne se mêlent pas des affaires intérieures. Pour cela, il faut, après une cérémonie qui consiste à enterrer dans tous les sites stratégiques ( obélisques) du pays, des hommes et des femmes de race blanche ou à défaut des albinos, préalablement

préparés selon les rituels adéquats. Pour l’accomplir il n’y a pas d’autre choix que de les enlever pour les sacrifier. Les chefs de cérémonie des anciens travaillent beaucoup avec les prostituées qui traînent dans les boîtes de nuit des grands hôtels, fréquentées en majeure partie par des Occidentaux. Ce sont des proies très faciles. Une expression courante dans le

pays dit que : « L’homme blanc a deux dieux : celui avec lequel il contrôle l’économie mondiale, l’argent, et l’autre, qui demeure dans ses reins, le SEXE. » C’est à cause de ces dieux que les hommes blancs deviennent vulnérables, car leurs désirs sont pratiquement inassouvissables.

Le troisième rituel est la cérémonie dont dépens la pérennité et le succès du pouvoir du récipiendaire. Il doit se dérouler dans le vieux cimetière où sont enterrés tous ses devanciers. Pour le préparer à affronter cette épreuve, il doit rester à jeun pendant trois jours consécutifs dans la case du sorcier qui lui fait de multiples incisions sur tout le corps et l’enduit ensuite de mixtures,

pendant que les disciples psalmodient des incantations. Tous ces préparatifs sont destinés à fortifier son esprit, afin de le rendre apte à affronter les épreuves redoutables à venir. Ces

précautions sont indispensables pour le bon déroulement de la cérémonie. De mauvais dosages ou des incisions mal exécutées peuvent conduire à la folie, de manière irréversible.

Dans les grandes villes, certaines personnes pratiquent ce rituel On y recourt pour garder un poste ou obtenir un avancement professionnel. Malheureusement, nombreux sont celles qui ont sombré dans la folie. Après toutes les préparations d’usage, il faut se tenir toute la nuit sur les lieux exigés. Le cimetière est l’endroit de prédilection. La forêt sert parfois de plate-forme pour des cérémonies impressionnantes. Il arrive que le sorcier accompagne le postulant dans le cimetière, en compagnie de ses disciples. Celui-ci doit exécuter seul et nu, une danse appropriée sur les tombes des anciens chefs coutumiers. Celle-ci se poursuit jusqu’à une heure

très avancée de la nuit. Le maître de cérémonie, le sorcier, reçoit ensuite un signal que lui seul entend, signifiant l’agrément de l’au-delà et annonçant l’arrivée des esprits invoqués. D’un

geste au reste de ses disciples, ils disparaissent tous. Il faut laisser l’intéressé seul avec les forces invisibles qu’il avait sollicitées. IL doit seul endurer les terribles épreuves imposées par

les puissances mystiques. C’est le moment le plus terrible qu’un être humain puisse vivre dans sa vie. La manifestation des phénomènes surnaturels sont au-delà de toutes sortes de conception et d’imagination humaine.

6 – LA SAINTE CÈNE

Le médecin du soleil prépare dans une salle spéciale, le matériel adéquat pour une extraction sanguine. Le Soleil s’installe et se fait retirer du sang affecté à la cérémonie d’intronisation des nouvelles recrues. Dans la salle de préparation des cocktails, les maitres d’hôtel avec une dextérité raffinée réalisent une mixture équilibrée avec du sang , jus et d’autres boissons naturelles alcoolisées. Ce Cocktail ainsi obtenu est soigneusement versé dans autant de verres qu’il y a de convives. Et la cérémonie peut commencer. mon ami ministre me dit  » Sylvain à ce stade de la cérémonie, lorsque tu découvres que tu dois boire ça et que tu ne peux plus faire demi-tour, tu te dis dans quelle galère me suis-je empêtré, la mort dans l’âme.. »o ti kaka mutu ba kata »

C’est la cérémonie de l’alliance du sang, du gout du sang pour les initiés, une cérémonie connue par les chrétiens célébrée de bien différentes manières. En parodiant exode 24:3 « le conseiller vint apporter aux ministres et ministrons toutes les paroles du Soleil, et toutes les lois du maitre. Les ministres à l’unisson répondent d’une même voix: Nous ferons tout ce que le Soleil a dit et dira ». Et au verset 7:  » il prit la coupe de la soumission préparée à cet effet et la présente aux ministrons et cadres fraichement nommés en présence du Soleil, ils dirent tous en le buvant  » Nous ferons tout ce que le Soleil a dit et nous obéirons »

Les libations immondes afférentes aux lavements des pieds du soleil sont hallucinantes. Mon ami ministre une fois chez lui a été atteint de vomis itératifs consécutifs à l’obligation qui lui avait été faite de boire l’eau issue de l’ hygiène pédicure du soleil.

Pour terminer notons qu’une grande porte a été ouverte par une confrérie de pasteurs et religieux regroupés au sein d’une association dont l’acte de naissance à une paternité présidentielle. L’objet de ce conglomérat pastoral corrompu est d’injecter à dose homéopathique systémique aux Chrétiens, musulmans et autres, la petite vérole nécessaire tirée du fond de l’Alima.

L’arme fatale de Satan c’est la séduction. Dis une seule fois à une femme qu’elle est belle le diable va le lui répéter mille fois.

Sylvain SENDA, Docteur en Droit, ancien membre du conseil de l’ordre du barreau de la Seine Saint Denis. Enseignant à l’institut supérieur du Grand Duché.

Sylvain Senda