Projet Street View : Google avoue avoir collecté adresses email et mots de passe
Google était accusé d’espionner les ménages après que l’entreprise ait admis avoir copié secrètement les mots de passe et les e-mails privés des ordinateurs personnels.
Le géant des moteurs de recherche a été obligé d’avouer avoir téléchargé des données personnelles lors de son projet controversé Street View, lorsqu’il photographiait virtuellement chaque rue en Grande-Bretagne.
Dans une extraordinaire violation de la vie privée, Google a admis que des e-mails entiers, des pages web et même des mots de passe ont été « recueillis par erreur » par l’antenne haute technologie de ses voitures Street View.
Les militants pour la vie privée ont accusés l’entreprise d’espionnage et ont qualifié son comportement « d’absolument scandaleux ».
Le Bureau du Commissaire de l’Information a déclaré qu’une nouvelle enquête serait lancée. Scotland Yard est déjà en train d’étudier si la compagnie a oui ou non enfreint la loi.
Le cadre de Google Alan Eustace a publié ses plus plates excuses et a déclaré que l’entreprise était « morte de honte », en ajoutant : « Nous sommes pleinement conscients du fait que nous avons sérieusement échoués ».
Les critiques ont exploité ce nouvel aveu en le définissant comme étant le dernier exemple d’une technologie qui ne cesse de croître en parallèle de la capacité à récolter de l’information au niveau des ménages moyens, le plus souvent sans qu’ils en aient connaissance ou sans leur consentement.
Google a envoyé, en 2008, une armée de voitures spécialement équipées partout en Grande-Bretagne, munies de caméras à 360 degrés afin de recueillir des photos pour son projet Street View.
Il y a immédiatement eu des plaintes concernant la sécurité des images, après que des propriétaires se soient plaints du fait que les numéros de maison et les plaques d’immatriculation des voitures étaient facilement identifiables.
Les craintes concernant la vie privée se sont succédées lorsqu’il est apparu que les individus pouvaient être vus, y compris un homme sortant d’un sex shop dans le quartier de Soho à Londres, trois officiers de police arrêtant un homme à Camden, et des enfants jetant des pierres sur une maison à Musselburgh, en Ecosse.
Plus tôt cette année, la société basée en Californie avait admis que l’antenne des voitures avait également scanné les réseaux WiFi, y compris les Wi-Fi dans les maisons, qui relient des millions d’ordinateurs personnels à Internet.
Google a enregistré l’emplacement, le nom et le code d’identification de millions de réseaux et les a répertorié dans une base de données afin de l’aider à la vente d’annonces publicitaires.
La société – qui utilise le slogan « Ne soyez pas malveillants » – a pu enregistrer l’emplacement de chaque routeur WiFi et réseau sans alerter les propriétaires car les signaux WiFi sont « visibles » par d’autres dispositifs Internet, y compris l’antenne des voitures.
Google a minimisé l’importance de la cartographie WiFi et a insisté sur le fait qu’il n’a pas recueilli ou enregistré de données provenant des ordinateurs personnels.
Google a ensuite fait marche arrière et a affirmé que son logiciel avait « involontairement » recueilli des morceaux de données qui étaient transmises alors que les voitures parcouraient la Grande-Bretagne.
L’antenne de la voiture passe de réseau en réseau cinq fois à la seconde, dit-il, ce qui signifie que chaque réseau a seulement été accessible pendant un cinquième de seconde.
Mais il est maintenant apparu que des e-mails entiers, des pages web et des mots de passe ont été copiés et sauvegardés durant cette fraction de seconde.
L’information a seulement été recueillie à partir de réseaux sans fil qui n’étaient pas protégés par mot de passe.
Mais cela signifie que l’antenne a potentiellement récolté des millions d’e-mails privés et de mots de passe à travers le pays; le nombre de propriétaires ayant des réseaux sans fil non protégés n’étant pas connu.
Le directeur de Privacy International (littéralement Vie Privée Internationale), a déclaré : « Il est absolument scandaleux que cette situation ait pu se développer et que tant de personnes aient eu leurs communications interceptées ».
« La société doit lancer une enquête complète et produire un rapport public sur ce qu’il s’est exactement passé, en plus de publier l’audit qu’elle a déjà entrepris ».
« Il y a de nombreuses questions qui nécessitent des réponses afin de savoir comment et pourquoi l’entreprise a-t-elle fait cela ».
Les voitures de Google ont collecté les emplacements des réseaux WiFi dans plus de 30 pays. La société insistait sur le fait que les données privées n’étaient pas analysées ou utilisées pour un quelconque but commercial.
La société a précédemment accusé un ingénieur qui avait introduit un code d’ordinateur dans le logiciel des voitures Street View, et a déclaré que c’était une « violation évidente » du code de conduite de l’entreprise.
Le projet Street View a engendré des enquêtes sur les questions de la vie privée partout dans le monde. En Australie, le ministre des communications du pays, Stephen Conroy, a affirmé que la collecte des données était « la plus grande violation de l’histoire de la vie privée ».
Des organismes de contrôle de la vie privée dans sept pays ont analysé les données suite à des plaintes à propos du projet Street View, et ce sont leurs investigations qui ont poussé Google à avouer.
En Grande-Bretagne, Privacy International a porté plainte auprès de Scotland Yard plus tôt cette année. Les responsables sont toujours en train de déterminer si un crime a bien été commis.
Le Commissaire de l’Information a dit qu’il enquêterait sur la dernière confession de Google. S’il est avéré que la société a bien violé la vie privée, elle pourrait faire face à une amende de près de 600.000€.
Google, qui a enregistré un bénéfice de plus de 5 milliards d’euros l’année dernière, a déclaré que ses voitures Street View ne collectent désormais plus aucune sorte d’information sans fil, et a promis d’améliorer ses politiques sur la vie privée.
Daniel Hamilton, directeur de la campagne pour le groupe sur la confidentialité Big Brother Watch, a déclaré : « La collecte d’informations confidentielles et personnelles comme cela est totalement inadmissible. »
« Google est particulièrement douée pour se forger la réputation d’une entreprise qui se soucie peu de la vie privée ou de la sécurité des données ».
Paul Allen, éditeur du magazine Computeractive, a dit que l’antenne de Google pouvait « voir » toute information qui n’était pas protégé par cryptage.
Les sites web sécurisés, comme les sites bancaires, ne pouvaient pas être accessibles et toute activité sur des réseaux protégés était également en sécurité.
Il dit : « Google aurait du réaliser dès le départ que cela était possible, et prendre des mesures afin d’éviter que cela ne se produise. Mais les consommateurs devraient également s’assurer que leur réseau a bien un mot de passe ».
Le nouveau directeur de la vie privée de Google, Alma Whitten, a déclaré : « Nous sommes profondément désolés pour avoir collecté par erreur des données de réseaux non sécurisés ».
« Dès que nous avions réalisé ce qu’il s’était passé, nous avons arrêté de collecter toute donnée WiFi à partir de nos voitures Street View et nous avons immédiatement informé les autorités ».
« Ces données n’ont jamais été utilisées pour un quelconque produit Google et nous n’avons jamais considéré la possibilité de les utiliser de cette façon. Nous souhaitons supprimer les données dès que possible et nous continuerons à travailler en collaboration avec les autorités afin de déterminer la meilleure marche à suivre ».
Sources
Article original : dailymail.co.uk
Articles reliés :
hightech.nouvelobs.com
zdnet.fr
linformaticien.com
Auteur : Vanessa Allen
Traduction : la-matrice pour Conspipedia
Auteur
- La-matrice