À partir d’une ébauche fragile peut surgir un Être de gloire. Cette terre qui le voit prendre chair, est périlleuse et soumise à tous les sacrilèges. Sous la férule des hommes, ce monde est une perpétuelle agression contre sa divinité intérieure. En entrant dans le séjour matériel de la vie terrestre, cet Être s’est laissé habiller de comportements limitatifs. Subordonné à ses désirs de jeunesse, il est habité d’un appétit si vorace qu’il se montre lui aussi effronté à l’ordre divin. Pour comprendre la déchéance des hommes, il lui est nécessaire de la vivre aussi.

Puisque la Royauté des hommes a été marquée d’infamie, cet Être se refuse de se voir souverain.

Or Dieu éprouve celui qu’il approuve.

Dieu ne laisse pas celui qu’il a choisi, s’enfoncer dans la disgrâce et le pêché. Après l’avoir laissé brûler toutes les passions qui demandaient à l’être, Dieu le soumet à une austère discipline. Le reconnaissant comme sa progéniture et son émule, Dieu le fait peiner et passer par des chemins ardus jusqu’à la métamorphose. Le divin manifesté l’éduque avec rigueur. Celui qui n’est pas mis à l’épreuve ne saurait avoir l’estime de la Source éternelle. Son endurance et sa bravoure sont éprouvés dans la douleur. Dieu l’aguerrit pour le rendre digne de lui et connaître sa fermeté d’Âme.

Un nouveau Roi arrivant

Soumis aux lois qui gouvernent le plan terrestre, cet Être doit tirer des épreuves son apprentissage. Pour grandir, il passe par des mues successives. Chaque mue l’amène à une plus grande conscience de lui-même. Son corps physique n’est plus son seul horizon. Dorénavant, il se sait éthéré. Il se découvre assujetti dans la matière, mais libre et multidimensionnel ailleurs. Il comprend que traverser la vie sans ressentir l’angoisse de sa séparation au divin, c’est ignorer une volonté indéfectible de se hisser jusqu’à Dieu.

Dans ce monde projetant quelques vérités et beaucoup de faussetés, son instinct le conduit encore à résister à cette volonté. De mues en mues, il maintient longtemps sa rébellion en recherchant son expression en dehors du plan prévu par Dieu pour lui.

Parallèlement, il prend progressivement conscience des forces colossales accumulées en lui. Elles sont issues du poids des expériences de chaque vie. Si son Âme se perfectionne au travers des vécus dans la matière et d’explorations dans l’éther, elle reste incapable de Puissance créatrice. Elle ne sait chercher de réponses que dans les possibilités offertes par l’Expérience.

La perception d’une dette karmique envers lui-même l’afflige de mémoires négatives. Cette croyance en une dette vient s’encoder dans les corps subtils de sa chair, telle des chaînes dont il s’affuble.

La réappropriation de ses mémoires comme source de compréhensions se poursuit certes à chaque mue, mais le retarde dans son évolution. Bien qu’il grandisse, le sentiment d’impuissance et de vulnérabilité s’actualisent encore et toujours.

Son ventre est plein chaque jour et son intelligence le garde des embûches quotidiennes. Cependant, ce Corps et son Âme le maintiennent rampant. Seul l’Esprit lui procurera les ailes pour franchir l’expérience limitée de sa condition première. Se fondre en l’Esprit, c’est accueillir son Roi en son Corps et en son Âme.

Si la Royauté des hommes n’est plus,
la Royauté n’a jamais été vaincue.

La Royauté détient le véritable bien sur lequel nul ne peut mettre la main. Elle n’a d’autre bien qu’elle-même. Le retour du Roi lui donnera l’envol vers son affranchissement, l’envol du Grand Monarque.

Ses ailes comme une flamme de feu

Pour consolider son Âme courageuse, cet Être doit l’affranchir de l’illusion des limites du corps et du mental. Il se libère de son comportement primitif et renonce à ses attentes et à ses besoins. Le moment venu, il se sait appeler à dépasser l’Expérience pour atteindre les Forces créatrices de la Connaissance. Cette Connaissance appelle la netteté envers soi. La conquête de l’Âme n’est plus un aboutissement. Le pont entre le Corps et l’Âme n’est pas la fin de la course mais l’élan pour la réelle transformation.

Lorsque vient le temps de tisser sa chrysalide, aucun fait extraordinaire n’accompagne ce basculement. Le temps du voyage immobile s’ouvre, retrouvant cette faculté que tout être issu du divin possède. Son corps mue en une chrysalide de couleur jade, et commence dès lors la magie sacrée :

Sa sagesse d’ici s’arrime à ses sagesses d’au-delà.

Cet arrimage s’opère seulement en acceptant un renoncement complet de ce qu’il était auparavant. Il ne mue plus pour un corps plus fort, plus grand. L’Esprit n’est pas une nouvelle carapace dont on s’habille. L’Esprit n’est pas une couronne qui sacre un être. Il est l’Être véritable, le Roi attendu, qui prend place et dans lequel on se fond. La Royauté n’est pas un parement, elle est l’édifice nouveau pour l’avènement d’un Être de gloire.

Il n’y a pas de transformation sans acceptation de la douleur. Il n’y a pas de renoncement sans franchissement d’une peur irrépressible. La chenille se fait papillon.

Vient enfin l’émergence, le déploiement de ses ailes semblables à deux yeux brûlants. Il n’a point besoin du regard d’autrui, ni de son assentiment, pour se savoir Grand Monarque. Il sait ce qu’il est. Il sait ce qu’il doit réaliser. Ses premiers battements d’ailes sont pour la gloire de Dieu, pour cette source infinie d’Amour. Le Roi révélé prend son envol, traçant un sillage aux couleurs enflammées pour tous ceux appelés à sortir des brumes de la séparation au divin.

L’envol du Grand Monarque

Paré de ses ailes flamboyantes, un tel Être d’exception ne peut désirer que des devoirs exigeants et des épreuves à sa mesure. Or, le divin apprécie la modestie chez celui qu’il prépare. Il le fera peiner tout au long de son voyage. Dieu ne transige pas sur sa pratique de la vertu, comme ce monarque sera amené à le faire sur tous ceux qui le reconnaîtront en chemin. Tout en le mettant en permanence à l’épreuve, Dieu le protège dans son Être vrai.

La Royauté n’est qu’entravée jamais blessée.

L’automne au Québec l’honore de la même tonalité pour annoncer son envol. Lorsque les feuilles d’érables virent au jaune, à l’orange et au rouge écarlate, le Grand Monarque quitte le Canada pour entreprendre sa périlleuse destinée. Sa mission et son périple se cachent dans le secret de sa génétique, dans le secret de l’Éternel.

Les hommes ont cessé de l’honorer depuis longtemps, restant incrédules à la grâce de son émergence cyclique. Le Grand Monarque est aussi imperméable aux affronts qu’indifférent à l’oubli. Dieu recrée toujours ceux soumis à l’oubli. Le jeune Roi au Cœur intrépide se laisse simplement guider par la divine Providence, faisant fi des frontières des hommes.

La Royauté n’a pas de visage. Elle est le reflet du soleil sur les ailes du Grand Monarque solitaire qui s’exile au-delà de la mer, au-delà de l’horizon.

La suite de la venue du Grand Monarque en soi…

Publié par Leretourdesdragons (Profil & Articles associés)