peinture de ds ya
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Te souviens-tu ?

Au coeur des jardins qui fleurissent et se baignent de l’eau des fontaines,enracinée comme l’olivier centenaire qui courbe son armure
sous les années filantes comme les nuages que je regarde passer
au-dessus de ma tête, je glisse mon ennui sur de longues feuilles
blanches.

Une goutte de sang perle au bout de ma plume, tombe dans l’onde
claire et dessine les dunes du désert sous le vent.

Mon esprit s’éprend du vent tiède qui me caresse le visage. Son souffle
chaud soulève mes voiles et respire mon corps.

Voilà le messager de l’au-delà des frontières, de l’au-delà des montagnes,de l’au-delà des murailles.

Il me saisit de l’art sans nom, source d’inspiration de lumières et d’absolu.

Le temps de l’union des sens m’étire vers d’autres espaces.
Je m’enroule du présent et des eaux d’automne qui courent vers la
route des océans.

Je me lève et suis les veines terrestres qui serpentent vers les crépuscules.

La mémoire déploie ses mille replis dans ma tête.

Et je me souviens alors des bords rougeoyants des cieux où nous
parlions toi et moi de notre terre originelle.

J’étais mer
tu étais ciel

De nos étreintes, l’huis doré de la lune sur le monde endormi.
Emportés, enivrés dans les vagues sans fonds, nous nous sommes
tant aimés.

Te souviens-tu la première fois ?

J’avais emprunté un chemin sauvage…

Tu étais assis au pied d’un arbre et tu regardais le fleuve de la plaine
se jeter dans les glaces.

Le soleil matinal jouait du feu dans tes yeux bleus et donnait à tes
guenilles la couleur du jade.

A l’abri des murailles de ton château verdoyant, tu vivais d’espace et
de l’air de temps.

Troublée, je suis descendue de mon cheval et je me suis avancée.
L’ombre vespérale de mes nuits sans sommeil s’est effrayée de ces
retrouvailles.

Tout en me penchant vers toi, ma belle apparence en toute différence,
j’ai prié la ressemblance.

Et alors, de mon long rêve, la route s’est arrêtée, enfin.

A l’éclat des neiges, notre premier baiser avait la fraîcheur des soies au creux de ton palais mon prince, je me suis retrouvée.

Et je ne sais pourquoi l’éternité s’est rompue comme une corde raide
donnant les limites au temps.

De notre palais, éloignée, je me suis égarée de ta voix du ciel.
Au matin ne m’est resté que le chagrin d’un éclat de printemps disparu
et mon coeur navré de tristesse de t’avoir abandonné.

Messager, je t’en supplie, ouvre moi encore les portes des sources d’en
bas pour que le cygne d’automne qui glisse sur mon coeur s’envole
enfin de nouveau vers l’immensité du ciel.

Et même si la flot rejeté ne revient jamais, laisse- moi encore me rappeler combien j’ai pu l’aimer.

Au coeur des jardins qui fleurissent et se baignent de l’eau des fontaines,
je me suis endormie….

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Ds Ya